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je suis malade
enfin je l'étais hier mais je suis restée à la maison aujourd'hui
et j'ai eu le temps de réfléchir sans être déranger par des gens
hier j'ai appris que
un ami de Margot, Lenaïg, Léa était mort il y a deux jours
dans un accident de voiture
j'ai vu des larmes
beaucoup
et quand j'ai ressenti cette.. cette chose en moi
j'me suis sentie
bête
inutile
conne
mais surtout
égoiste
très très égoiste
cette chose, c'est cette peur
j'ai pas eu peur pour Margot,
pour Lénaïg,
pour Léa,
pour la famille de l'adolescent et de sa mère, tous les deux victimes de l'accident
non j'ai eu peur que les gens ne réagissent pas comme ça si je mourrais
et j'me suis trouvée nulle, si nulle, si tu savais
j'étais incapable de montrer quoique ce soit de compassion
j'ai eu honte
mon dieu
si honte je te jure
je haïs ce vide en moi
j'ai aucune putain de compassion
ça me fait peurje ne mérite
rien
ni personne
votre commentaire -
j'ai beaucoup réfléchi, aujourd'hui
à ces traits décoratifs sur mes cuisses
à ces pensées qui m'envahissent, qui m'envahissent tout le temps, qui m'envahissent partout
tu sais, je ne comprends pas tout.
c'est étrange toute ces paradoxes qui m'envahissent l'esprit constamment
ces peurs aussi, tout le temps
peut-être que c'est normal, comme ils le disent tous
peut-être que c'est ma "crise d'adolescente", comme ils le disent tous
peut-être que c'est rien, que c'est qu'une passe, comme ils le disent tousje me sens incapable de rien.
je suis spectatrice de ma vie.
je l'observe en soupirant, comme un mauvais film au mauvais scénario, sauf que j'peux pas faire pause
j'observe mes envies qui sont contrées par mes écœurements
j'observe mes actes, mes pensées, mes regards, mes moments d'isolements, mes coupures, mes idées
j'observe audrey, j'observe margot, j'observe maman, j'observe les gens
j'me dis que j'suis pas grand chose, une infime être parmi un amas de gens plus ou moins insignifiants
j'observe mes peurs, mes manques, mes pertes
j'observe l'écriture qui se dissipe de moi
j'observe la vie qui s'échappe de mon esprit en un nuage sombre et pourtant essentiel à un corpsil est 20:44, on est dimanche, je dois faire ma douche, mon sac, ma valise
j'ai pas révisé pour mon examen du niveau B1 en anglais que je passe mardi
j'ai pas révisé pour mon devoir commun en français vendredi
je haïs le week-end
donc j'ai écouté de la musique, j'ai continué mon bujo, allongée par terre avec le chat qui dort à côté
et là,
je dois faire
ma douche
ma valise
mon sac
préparer une semaine chargée
et je suis encore là
en peignoir pour avoir chaud
du FAUVE dans les oreilles
l'esprit de darkness dans la gorge,
et qui va sûrement s'échapper par quelques gouttelettes de sang ce soir, dans mon lit.
je n'ai pas envie de me lever.
j'ai envie de crier, de pleurer,
de m'arracher la peau avec ma lame de cutter ensanglantée et mon mouchoir imbibé de sang
de partir courir sous la pluie ou les étoiles, les pieds engourdis, les poumons enflammés
d'enlacer audrey si fort que j'la réparerais de l'intérieur
de me cacher éternellement sous la couette et de ne jamais me leverj'ai pas envie de vivre dans cette routine où je suis obligée d'appartenir pendant encore deux fucking années
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